Ces quelques repères ont pour but de vous donner confiance dans votre ressenti ; d’éviter de gaver l’enfant et de lui proposer une alimentation équilibrée qui lui permette de couvrir ses besoins de façon progressivement autonome. Il faudra faire preuve de patience : ce peut être long et variable.
Allez faire un tour sur ce site sur la diversification alimentaire dirigée par l’enfant. Et n’hésitez pas à combiner cette méthode avec celle plus habituelle chez nous qui consiste à lui mettre dans la bouche des aliments déjà mélangés et mixés.
Quand un nourrisson est-il prêt à manger ?
Dès ses 5 mois, prenez le bébé sur vos genoux ou près de vous pendant le repas : observez-le, repérez le moment où il tient assis, où il attrape et porte à la bouche.
L’enfant est souvent prêt vers 5 à 6 mois : il peut mastiquer, déglutir et il s’intéresse à la nourriture. Sa langue est plus habile pour bouger la nourriture et son tube digestif est plus mature.
Chaque enfant est singulier
Vous pouvez lui faire confiance pour décider de ses apports avec les solides, à condition d’éviter les aliments industriels qui sont le plus souvent trop sucrés, trop salés et qui contiennent des graisses de mauvaise qualité nutritionnelle.
L’enfant apprend à manger ; il a besoin d’aide et de patience. Il est normal qu’il mange de petites quantités au début et que ces quantités soient variables.
Si vous allaitez votre enfant à la demande, votre enfant se régule tout seul au sein. Donnez simplement les aliments après le sein pour éviter le remplacement de la tétée.
Proposez souvent des légumes et fruits tendres crus ou cuits, faciles à attraper. Laissez-le piocher dans votre assiette ou dans une assiette séparée avec une cuillère à sa disposition. L’enfant a besoin de toucher, de manipuler les aliments.
L’enfant choisit spontanément des aliments caloriques : féculents et viande. Proposez-lui régulièrement des fruits et des légumes.
C’est lui qui décide s’il préfère mixé, écrasé ou en morceaux et à quel moment il abandonne le mixé. A condition de le lui proposer ! Si on ne lui propose que du mixé jusqu’à 10 mois, il aura plus de mal à accepter des aliments plus solides. Il choisit aussi la quantité qui lui est nécessaire, même si c’est très variable ou qu’il refuse un aliment.
Ne forcez pas l’enfant à manger ; il pourrait par la suite refuser cet aliment, ce qui restreint la diversité et le choix. Évitez de jouer à l’avion ou à « une petite cuillère pour… » c’est néfaste si cela le fait plus manger que ce dont il a besoin. Dans certaines situations, en particulier pendant ou après une maladie, il est parfois souhaitable d’encourager sans le forcer l’enfant à boire ou à manger.
Quand l’enfant ne veut plus d’un aliment, il ferme la bouche, ou dit non, ou crache, ou jette la nourriture, ou sort de sa chaise, ou descend des genoux, ou arrête de manger s’il mange seul. S’il ne veut pas ou plus d’un plat, proposez la suite.
S’il mange peu, proposez plus souvent des aliments énergétiques et de qualité. Tant qu’il est en bonne santé, que l’examen clinique est normal et qu’il a accès au sein sans restriction s’il est allaité, il n’y a pas lieu de s’inquiéter. Un enfant qui mange peu à un repas se rattrape en général au repas suivant.
Observer son enfant et suivre son rythme instaure de bonnes bases alimentaires, renforce la confiance dans l’enfant, dans sa capacité à savoir ce qui est bon pour lui, à se baser sur ses sensations pour gérer sa faim et couvrir ses besoins. C’est la meilleure prévention de l’obésité et des troubles du comportement alimentaire.
Quels aliments et boissons choisir ?
Quel que soit votre âge, et à plus forte raison pendant la grossesse, mettez sur votre table des aliments/santé qui vous font plaisir. Variez les menus en fonction des produits localement à disposition et faites du repas un moment convivial.
Faites une large place aux fruits, légumes, céréales, graines, oléagineux et légumineuses. Limitez les produits industriels (plats cuisinés, viennoiseries, produits laitiers) et la viande rouge.
En variant entre les groupes et à l’intérieur de chaque groupe ci-dessous, votre alimentation sera équilibrée et proche de l’alimentation crétoise, méditerranéenne ou japonaise (Okinawa), couvrant tous les besoins, de la diversification à l’alimentation de l’adulte centenaire.
Les aliments seront le plus proche possible de leur état naturel : crus ou cuits en douceur à la vapeur.
Des fruits frais, 1 à 3 fois par jour, crus de préférence, ou en compote.
Des légumes variés selon la saison, frais ou surgelés, crus et cuits à chaque repas ou en alternant un repas sur 2. La cuisson sera douce : vapeur ou poché, en évitant les fritures.
Des féculents : patate douce, maïs, riz complet, pomme de terre…seuls ou mélangés aux légumes dans la proportion d’un quart à la moitié. Les pommes de terre ont un index glycémique élevé et sont à donner occasionnellement.
Des céréales, de préférence complètes et bio.
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Sans gluten dès la diversification : riz complet, tapioca, quinoa1, millet, sarrasin.
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Avec gluten quand il sera habitué : blé et dérivés : pâtes, pain, semoule de préférence complets ; seigle, orge, avoine et dérivés.
Des légumineuses après 7 à 8 mois : pois, lentilles corail ou vertes, fèves, haricots rouges, blancs, en purée, écrasés ou entiers selon l’âge.
Du poisson, poché ou vapeur, 1 à 3 fois par semaine, de la viande blanche 1 ou 2 fois par semaine, des oeufs 1 ou 2 fois/semaine, de la viande rouge moins d’une fois par semaine. Le poisson peut être blanc (merlan, sole, cabillaud, colin, merlu, lieu…) ou gras (voir ci-dessous).
Les produits laitiers, yaourts natures et fromages peuvent être proposés dès le 7° mois chez les enfants au lait industriel (par exemple deux biberons de 240 ml et un yaourt ou morceau de fromage). Chez les enfants allaités, attendre l’âge de 12 mois, voire de deux ans, surtout en cas d’intolérance aux produits laitiers dans la famille. Dans ce cas, les fromages de chèvre ou brebis peuvent être mieux tolérés que les dérivés du lait de vache. Les yaourts et fromage blanc seront nature, donnés avec des fruits coupés ou compote ou, mais seulement après un an, avec un peu de confiture ou miel.
Le soja et le tofu, riches en protéines, sont introduits après les 12 mois de l’enfant en France, alors qu’au Japon, ils sont introduits dès la diversification.
Des matières grasses mono (huile d’olive) et polyinsaturées (huile de colza, de caméline, de noix, de lin…). Une c. à café dans le plat de l’enfant, d’huile d’olive ou de colza alternativement, permet un bon équilibre. Ces deux huiles peuvent être combinées dans les vinaigrettes qui sont alors plus équilibrées que les mélanges du commerce. Voir en annexe les aliments riches en ω3. Pour éviter le risque de fausse route, les noix, amandes et noisettes seront données en purée, dans une compote ou sur des morceaux de fruits, jusqu’à au moins 3 ans.
Relevez avec des épices (curcuma, poivre), condiments, algues, herbes.
Pas de sucre, sauf un peu de miel ou de chocolat noir après un an, en évitant ce dernier le soir en raison de son possible effet excitant.
Proposez de l’eau pure, au cours et en dehors des repas, ou des infusions. Occasionnellement du pur jus de fruits. Les sodas ainsi que les boissons industrielles sucrées sont malsains et sans intérêt.
De la Vitamine D, régulièrement jusqu’à deux ans, et l’automne et hiver au-delà. Et ce, d’autant plus si l’ensoleillement est faible ou que la peau est foncée. Elle agit sur la croissance, mais aussi sur les défenses immunitaires, la prévention des cancers…
Exemples de repas et collations, couvrant les besoins
– Afrique de l’Est : bouillie de maïs, oeuf, purée d’oléagineux, épinards-oignons-tomates.
– Inde : chapati, lentilles-carottes/huile, feuilles d’amaranthe vapeur, lait.
– Moyen-orient : semoule ou riz, lentilles-oignons-épices, khéfir, orange.
– Amérique du Sud : quinoa ou maïs ou riz, haricots secs-patates en ragoût, foie de poulet.
Exemple de 3 repas avec 2 collations
– Au petit déjeuner : une bouillie épaisse de céréales.
– Au déjeuner, 3 c à soupe de riz, 1 c à café d’huile colza, 1 c à soupe de haricots, ½ orange.
– Au dîner : 3 c à soupe de quinoa, 1 c à café d’huile olive, 1 c à soupe de légumes verts, 1 c à soupe de viande ou poisson ou œuf dur ou mollet, brouillé ou en omelette.
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2 collations : une banane ou autre fruit ; une tartine au beurre végétal.
Une synthèse des recommandations internationales
Si vous allaitez votre enfant à la demande, continuez si possible au moins jusqu’à ses 2 ans (recommandation OMS2) et si possible au-delà selon le désir de la mère et de l’enfant. Entre 9 et 12 mois, l’allaitement couvre 60% des besoins.
Le plus souvent la diversification modifie peu le nombre de tétées. Une étude OMS multiculturelle de 2006 observait que les enfants tétaient en moyenne 10 fois par jour à 6 mois et 6 fois à 12 mois. Les solides étaient introduits en moyenne à 5 mois et demi.
La consistance sera assez ferme : l’aliment doit rester dans la cuillère. Purée ou bouillie ou aliment écrasé sont plus énergétiques qu’un aliment liquide. Une purée de haricots verts ou de brocolis peut être proposés seule pour développer le goût de l’enfant au début de la diversification, mais ne sera pas assez nourrissante si elle n’est pas mélangée ou associée à un féculent tel que de la pomme de terre ou du riz. De même, les légumes suivants peuvent être goûtés seuls : carottes, navets, poireaux, épinards, salade, citrouille, courgette épépinée ; puis associés par 2 ou 3 avec un peu de féculent : riz, pomme de terre, petits pois, patate douce, maïs, farine de millet, de quinoa…Il est possible de proposer, mixé, écrasé ou en morceaux selon la préférence de l’enfant, ce qu’on a préparé pour nous, en salant peu ou pas jusqu’à un an.
Les réserves de Fer s’épuisant vers 6 mois, et le lait maternel contenant peu de Fer et de Zinc, les aliments d’origine animale peuvent être introduits dès cet âge. Foie, boeuf, poulet, canard sont riches en Fer et en Zinc. Poisson, viande ou œuf peuvent être donnés une fois par jour, à raison de 10 gr (2 c à café) entre 6 et 8 mois, 20 gr entre 9 et 12 mois, 30 gr (2c à soupe) entre 12 et 24 mois. Et ce d’autant plus que le lait maternel est pauvre en certains acides aminés3. Les charcuteries sont évitées la première année.
Le risque d’allergie au poisson et à l’œuf augmente si on les introduit après un an. Ces aliments de haute valeur nutritionnelle peuvent être proposés dès le 7° mois, permettant une meilleure tolérance ainsi qu’un apport en Acides Gras poly-insaturés ω3 que l’alimentation moderne n’apporte pas en quantité suffisante.
Le lait de vache et ses dérivés (yaourt, fromage, petits suisses) sont pauvres en fer et n’ont aucun intérêt avant un an chez l’enfant allaité, voire bien au-delà. Chez l’enfant au lait industriel, ils peuvent être introduits dès 6 mois.
Dans les pays où les enfants sont malnutris, les pois, les haricots, les lentilles, les noix et les graines sont conseillés dès la diversification. Mixés ou en purée ils peuvent être digérés dès 7-8 mois et sont nécessaires dès la diversification en cas de régime végétarien.
En cas d’alimentation végétarienne, l’enfant doit pouvoir téter à volonté, ou prendre au moins 500ml de lait ou équivalent par jour. Aucune référence ne recommande une alimentation végétalienne.
Introduire le gluten après 5 mois, progressivement et pendant l’allaitement maternel diminue le risque de maladie cœliaque, de diabète 1 et d’allergie au gluten de blé. Lors de son introduction, surveillez l’apparition de signes d’allergie ou d’intolérance. Les céréales, les pâtes et le pain seront de préférence complets et issus de cultures sans pesticides.
Le miel sera proposé après un an en raison du risque de botulisme avant cet âge.
Ne donnez pas de produits sucrés et ne salez pas sa nourriture avant un an. Si l’enfant mange le plat familial, salez peu ou pas pendant la cuisson.
Les apports augmentent avec l’âge de l’enfant. La capacité de l’estomac du nourrisson de 6 mois étant d’environ 200ml, il prendra en moyenne par repas 130 à 180g entre 6 et 8 mois (entre 2c à soupe et ½ bol) ; 200 à 280g entre 9 et 11 mois ; 380 à 520g entre 12 et 24 mois. A 8 mois, l’enfant peut prendre sa collation avec les doigts ; à 12 mois, il peut manger la plupart des aliments que mange sa famille.
Pendant sa croissance, l’enfant prendra 3 à 4 repas par jour plus 1 à 2 collations en cas de faim.
Les matières grasses ou acides gras. Idéalement, le rapport entre les acides gras oméga 6 et oméga 3 devrait être ≤ 5. Avec l’alimentation moderne, ce rapport est souvent >10, avec des effets dégénératifs, pro-inflammatoires et pro-cancéreux. Ce rapport est amélioré en augmentant les aliments riches en ω3 : poissons gras (maquereau, sardine, anchois, hareng, truite, flétan), escargots, huile de colza, noix, noisettes, amandes, noix de cajou, pistaches, graines de lin, germes de blé, pourpier, mâche, épinards, laitue, avocat, œufs de poules élevées en plein air. Les huiles de palme et de tournesol, riches en ω 6, ont peu d’intérêt nutritionnel.
Les légumes à feuilles vertes, les légumes et fruits jaunes, riches en carotène, contiennent de la vitamine A qui favorise une bonne vision et protège des infections, en particulier dans les pays pauvres des régions intertropicales où l’alimentation est souvent carencée en Vit A.
Evitez le saumon, contaminé par les PCBs4. Evitez les gros poissons prédateurs : thon, espadon, voilier, lotte, loup, dorade, esturgeon, requin… contaminés par le mercure.
1Le quinoa est une graine riche en protéines qui contient, tout comme le soja, tous les acides aminés essentiels.
2OMS = Organisation Mondiale de la Santé
3Les acides aminés sont les constituants des protéines
4PCBs = PolyChloroBiphényles, substance chimique industrielle toxique pour les enfants et femmes enceintes
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